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Page:Lorrain, Jean - Sonyeuse, 1891.djvu/261

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hélés et répondu… Le ciel, où s’éternise la bataille des nuages, s’étend, immense et vide, au-dessus de ma tête, et, au loin, bien loin devant mes yeux, chante harmonieusement muette, la symphonie en blanc majeur de Paris neigeux.

Et devant ce décor crépusculaire et brumeux de la Seine à demi-gelée, charriant des blocs d’acier entre des quais ouatés de blanc, me voilà, incorrigible rêveur que je suis, émigré à des milliers et des milliers de lieues, transporté comme en songe loin des modernes horizons de Willette et de son Paris vicieux et Montmartrois.

Ces deux tours de granit profilant leurs gargouilles dans une atmosphère de vision, je ne les reconnais pas : ce n’est là ni l’île Saint-Louis ni la Cité, ni Notre-Dame ; ces fines ciselures de pierre baignées de clair de lune, et ces grands toits fleuris de bouquet de plomb s’effilant sur l’horizon obscur, qui s’enflamme déjà, ce ne sont ni la Sainte-Chapelle, ni les toits de l’hôtel Czarttoriski, mais je ne sais quelle imposante et prestigieuse ville de vieux conte, je ne sais quelle suggestive cité de légende, où je me suis promené