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Page:Lorrain, Jean - Sonyeuse, 1891.djvu/74

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de la ville, au penchant d’un coteau cultivé, oui, presque gai avec la tache blanche de ses tombes ensoleillées, aux sentiers étoilés de pervenches et, dans l’air bleu haché par les baguettes encore sans feuilles des peupliers et des saules, l’odeur d’amande des épines en fleurs : à gauche les clochers et les toits de S… encaissés dans un pli de colline, à droite la déchirure des falaises et la soie légèrement plissée de la mer.

Ma mère m’entraînait toujours par le calme cimetière : hors deux ouvriers occupés à creuser une fosse, il n’y avait ce jour-là personne dans la nécropole chauffée par un beau soleil d’une heure : après une pause devant la grille de mes grands parents, nous remontions la grande allée et là vers le haut, dans la partie affectée aux sépultures des pauvres et des étrangers (chaque famille à S…, comme dans toutes les villes de province, à son caveau et sa concession) nous nous arrêtions devant une grande pierre tombale, encore toute neuve et comme posée de la veille sur une terre fraîchement remuée.

Une grille dorée courait autour de cette tombe en ornementations ouvragées et légères ; accrochées à