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Page:Lorrain, Jean - Sonyeuse, 1891.djvu/96

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et la désirant parfois encore ; mais, de là, retournant à son vice, à ses folies, à ses maîtresses… Elle, isolée, se sentant moins aimée, en avait pris dans les dernières années de son mariage comme une teinte de mélancolie. Car je l’ai surprise souvent ici, où je venais maintenant en médecin (mon père était mort) dans l’attitude abandonnée et pensive d’une femme que la vie a trompée et qui, déjà mûrie avant le temps, se sent lasse de tout ; mais sa fierté ne descendit jamais à une confidence, même à une plainte. C’est alors qu’éclatait la grande catastrophe de sa vie.

Lafond avait contracté dans je ne sais quelle nuit de débauche, au cours de ses mille et trois liaisons, une de ces horribles maladies, qu’on cache d’autant plus qu’elles ne pardonnent pas… Par une pudeur inexplicable chez un tel homme, au lieu de s’en ouvrir à moi, il alla consulter à Paris je ne sais quel empirique, qui lui ôta momentanément son mal, ou plutôt la souffrance du mal. Lafond le crut du moins ; de là il retourna à ses plaisirs, à sa folle existence.

Avec un sang brûlé comme le sien et par l’al-