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Page:Lorrain, Jean - Sonyeuse, 1891.djvu/97

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cool et la débauche, son état empira vite, et quand il m’appela auprès de lui, le médecin n’avait plus rien à faire. Son gosier, sa langue et son palais n’étaient plus qu’une plaie, une ulcération affreuse et purulente et d’une odeur si infecte que son haleine seule faisait frémir. Au reste, il se savait perdu… II me faisait jurer de ne jamais révéler à sa femme l’origine et la nature de son mal ; puis, prenant congé de moi, il passait dans son cabinet. On l’y trouvait le lendemain sanglant, la tête fracassée ; le misérable s’était fait justice en se brûlant la cervelle.

Cette mort, nul ne la regretta, si ce n’est Mme Lafond ; car c’était un homme souillé de tous les vices et dénué des qualités de charme et de séduction, qui font souvent qu’on les pardonne. Mais où je mesurais toute son infamie et le machiavélisme du serment exigé par lui, c’est quand, appelé un mois après auprès de Mme Lafond souffrante, je découvris en elle les germes de l’ignoble maladie du mari. Le misérable, se sachant empoisonné, malade, avait eu la lâcheté de posséder sa femme. Comme chez lui, c’était la