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Page:Loti - L’Horreur allemande, 1918.djvu/103

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qui, pendant des mois, fut tellement arrosée d’obus que l’on ne put songer à venir enlever les cadavres de ceux qui avaient été surpris là et fauchés sur place ; jusqu’à des jours plus calmes, on les a donc laissés dans leur glorieuse tombe provisoire où le soleil les a presque momifiés, et où d’ailleurs autant de respect les entoure que s’ils dormaient dans des caveaux somptueux.

Nous montons toujours par des routes aussi impeccables, de plus en plus en vue, mais de mieux en mieux camouflées. L’ennemi, il va sans dire, sait parfaitement ce qu’est ce camouflage qu’il emploie lui-même, et se doute bien que, sous ces tendelets de branches ou de roseaux, les convois militaires ne se font pas faute de circuler ; mais, comme il ne les voit pas, il préfère ne pas gaspiller ses obus, à des instants où peut-être ils ne tueraient personne.

Sur le parcours ascendant, on me fait visiter des cavernes, qui viennent d’être creusées et dans chacune desquelles un canon, que les ennemis ne soupçonnent pas encore, a été juché, sans doute avec l’aide des Génies ; par des trous presque invisibles, ces