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Page:Loti - L’Horreur allemande, 1918.djvu/104

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batteries comme suspendues menacent de près, par-dessus des gouffres, la montagne d’en face, restée autrichienne.

En passant, il me faut saluer, aussi, sur notre gauche, le Monte Santo, maintes fois pris et repris, occupé aujourd’hui par l’ennemi, mais que la prochaine offensive va certainement rendre pour toujours à l’Italie[1]. Le vieux couvent qui le couronne, en nid d’aigle, semble bien n’être plus qu’un amas de ruines ; mais il constitue un point stratégique important, et de plus il représente pour les Italiens une relique très vénérable de leur passé.

Le but de ma course de ce jour est un observatoire avancé, sur une cime. Un général, cantonné tout auprès dans une caverne d’ermite, veut bien m’y conduire. C’est un poste un peu à la grâce de Dieu, dissimulé seulement par quelques broussailles. On est là comme sur la crête d’une énorme vague marine qui se serait figée et transmuée en une roche éternelle ; on y respire l’air pur des altitudes, exquis après l’étouffement

  1. On sait qu’en effet il vient d’être repris le 24 août.