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Page:Loti - L’Horreur allemande, 1918.djvu/117

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L’embouchure de l’Isonzo forme par là une étroite langue de terre très ombragée, qui pointe vers Trieste, s’allonge comme une menace, sur cette mer si tranquille et de plus en plus bleue a l’approche du soir. Du haut d’un grand arbre, où l’on m’invite à monter, on aperçoit entre les branches la ville ennemie comme si on y était : d’un blanc doré, très riante au pied des Alpes Juliennes, elle est comme ouverte en demi-cercle et se baigne à demi dans l’Adriatique avec un air de sécurité parfaite.

— Vous la tenez en plein sous le feu de vos canons, dis-je aux officiers qui m’accompagnent.

— Oh ! mais, répondent-ils, nous veillerons soigneusement à ne pas l’atteindre, du moins la ville proprement dite, située au centre comme vous voyez, car la population en est tout à fait italienne ; nous ne tirerons que sur les côtés, où sont les établissements militaires et les usines.

Hélas ! Pourquoi les Boches, chez nous, les Boches du kaiser, ignorent-ils absolument de telles délicatesses…

C’est égal, il est singulier et invraisem-