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Page:Loti - L’Horreur allemande, 1918.djvu/125

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sur des pentes terribles, et que l’on croirait prêts à tomber dans les abîmes où bouillonne furieusement l’eau des cascades. On se rend très bien compte que la course ne cesse d’être ascendante, car l’air, qui était accablant de lourdeur au départ, s’allège et se rafraîchit d’une façon délicieuse, et puis, de plus en plus la végétation change, voici les sapins, les mélèzes, toute la flore des altitudes ; même, dans un ravin, une énorme masse blanche, qui de loin ne s’expliquait pas, vous jette au passage un froid qui fait frissonner pendant quelques secondes : c’est de la neige, le reste d’une avalanche tombée au printemps et que le clair soleil d’août n’a pas encore toute fondue. Ces villages, que de temps à autre on traverse, nous présentent déjà des aspects moins italiens, bien qu’ils aient encore leurs « saintes familles », peintes en belles couleurs sur des pans de murailles. Ils sont du reste tous en fête, car c’est le jour de l’Assomption et il y a des guirlandes vertes aux portes des églises ; la population est dehors, des vieillards, des femmes, des enfants, des jeunes filles presque toutes jolies, ayant jeté sur leur chevelure le petit