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Page:Loti - L’Horreur allemande, 1918.djvu/141

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par les obus, tandis qu’ici la villa de cet autre roi-soldat est délicieusement entourée de palmiers et de lauriers-roses. C’est là que Sa Majesté a daigné m’accorder audience, dans un petit cabinet de travail intime, où il n’y avait, si je me rappelle bien, d’autres chaises que la sienne et la mienne, d’autre meuble qu’une table surchargée de cartes d’état-major et de papiers militaires. Ce serait presque tomber dans un lieu commun que de parler de la simplicité exquise de son accueil, car, à notre époque, c’est une élégance que s’accordent presque tous les souverains, d’être simples ainsi. (Exception faite, bien entendu, pour le Monstre de Berlin qui le plus souvent, dit-on, joint à ses autres grâces une insoutenable morgue.)

Sa Majesté parle notre langue avec la même aisance que n’importe quel homme du monde chez nous. La vivacité de sa parole est en harmonie avec la vivacité de ses yeux qui étincellent d’intelligence. L’expression de son visage qui, paraît-il, était devenue anxieuse et tourmentée lorsqu’il lui avait fallu prendre la décision infiniment grave de jeter son royaume dans la noble lutte contre