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Page:Loti - L’Horreur allemande, 1918.djvu/142

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la barbarie, est aujourd’hui rassérénée, confiante et ouverte. Nous parlons de choses militaires, surtout des choses si spéciales à cette guerre de montagne trop haute, qu’il faut faire à l’Autriche, et qui n’a pour ainsi dire jamais eu de précédent. Et bientôt, tant il y met de bienveillance, je ne crois plus causer avec un roi vainqueur, mais avec un officier de mon grade, qui serait, il est vrai, un officier distingué parmi les plus distingués. C’est bien ainsi que je me représentais ce roi, adoré de son entourage, qui se mêle si volontiers aux plus humbles soldats, partage leurs dangers et se tient continuellement près d’eux sur le front. Il ne fait pas cela comme un kaiser, avec la pompe la plus théâtrale et les plus craintives précautions, mais comme un général sans peur, dédaigneux de toute mise en scène. Chaque matin de bonne heure il part, avec trois ou quatre officiers de sa maison, dans une auto ouverte qui emporte en même temps un déjeuner d’anachorète ; il passe sa journée dans les tranchées de première ligne ou dans les observatoires les plus dangereux ; souvent il est repéré, bombardé, contraint d’attendre la fin d’une averse de