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Page:Loti - L’Horreur allemande, 1918.djvu/154

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au-dessus de Venise. Et une fois encore le soleil, en se levant, a retrouvé debout et intactes ces deux merveilles du monde, qui sont la basilique de Saint-Marc et le Palais des Doges. Mais le soleil de demain les reverra-t-il ? Et celui d’après-demain ? Qui le dira ? Leurs jours semblent n’être plus que des jours de grâce. Dans combien de temps doit venir le premier matin qui n’éclairera plus que leurs ruines ?…

Pour me montrer les précédents désastres, tes profanations déjà accomplies, on vient me prendre dans une embarcation de guerre, qui, au milieu de toutes ces rues d’eau, me mènera beaucoup plus vite que n’eût fait une gondole.

— Ces pauvres Autrichiens n’ont pas eu de chance à Venise, me dit, au départ, un des grands chefs de la Marine, avec une commisération qui ne semble même pas teintée d’ironie ; jusqu’à présent ils n’ont guère réussi à atteindre que des églises ou des hôpitaux !

— Il est visible d’ailleurs qu’en Italie comme en France on n’a pas pour les Autrichiens cette haine et ce dégoût que les vrais Alle-