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Page:Loti - L’Horreur allemande, 1918.djvu/178

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Boches, viennent de perdre encore de leur prestige depuis notre dernière grande offensive, où l’on a si bien vu comment on leur passait sur le corps ; vraiment, dès qu’on se remet à y réfléchir un peu, il n’y a pas de pluie, même de pluie glacée comme celle de ce soir, capable d’estomper longtemps le souvenir de notre belle victoire de l’Aisne…

Au cours de l’été qui vient de finir, les écriteaux indicateurs, à tous les angles des chemins ou des rues mortes, se sont multipliés à l’infini, et c’est devenu l’une des caractéristiques de nos régions dévastées, toutes ces inscriptions, partout ; en général ce sont de larges bandes noires sur des murailles, avec d’énormes lettres et d’énormes flèches blanches, cela pour être lu très vite, même la nuit, à l’éclair d’une lampe électrique, très vite, sans perdre une minute en indécision, car on est toujours pressé sur ces routes où souvent la mort galope a vos trousses. « Vers telle ville », vous crient ces grandes lettres sur fond de deuil, ou bien : « Vers tel village ». Mais, hélas ! le plus souvent villes ou villages ainsi désignés n’existent plus, il n’en reste