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Page:Loti - L’Horreur allemande, 1918.djvu/177

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fracas, ou bien aux portes de ces maisons sans toiture dont les caves abritent leur sommeil, on les voit tous, emmitouflés pour la première fois dans leurs manteaux cirés en forme de camail de prêtre, — et cependant la plupart sourient et plaisantent, rien de sombre n’apparaît dans leurs yeux, qui regardent tomber l’averse et gicler la boue. Ce qu’ils doivent se dire, on le devine pourtant bien un peu : « Alors, après ce que nous avons déjà enduré pendant trois hivers, après tout ce que nous avons déjà dépensé de volonté et de courage, il va falloir recommencer pendant un hiver de plus, — et cela à cause d’odieuses défaillances qui nous sont, étrangères, trahisons d’indignes alliés, ou bien, chez des neutres, complicités criminelles ! Sans ces gens de malheur, nous aurions pourtant fini notre tâche, nous qui n’avons point failli !… » Mais, leur tâche, il suffit de les regarder tous pour comprendre qu’ils la continueront quand même, et sans doute plus furieusement, pour que ce quatrième hiver soit le dernier et le bon. On ne se figure pas d’ailleurs ce que les Boches, même les plus bouffis et plastronnants d’entre les