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Page:Loti - L’Horreur allemande, 1918.djvu/190

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obus isolés, voyageant de droite et de gauche, avec leur bruit de vol de perdrix, mais ils ont l’air de ne plus trop savoir ce qu’ils font, et creusent leur trou dans la terre mouillée, çà et là, comme au hasard. Les fumées, on ne les voit plus se lever que de distance en distance. Les unes sont blanches, nacrées et presque jolies quand un rayon de soleil les illumine par une déchirure des nuages. D’autres sont affreuses, épaisses et noires comme du charbon ; elles jaillissent de terre, à ce que l’on dirait, celles-là, affectant la forme d’une végétation soudaine, d’une espèce de thuya géant qui aurait été créé d’un coup de baguette et ne vivrait qu’une minute. Du reste, toutes ces fantasmagories des fumées, le vent a tôt fait de les balayer. C’est bien fini du grand spectacle, de la grande bacchanale, — au moins jusqu’à une très prochaine fois.

En l’air, par exemple, au-dessus des têtes, la bataille ne s’est guère calmée encore ; les oiseaux géants se pourchassent les uns les autres ; il y en a même qui en veulent aux espèces de cachalots somnolents, s’en approchent en catimini, à la faveur de quelque