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Page:Loti - L’Horreur allemande, 1918.djvu/191

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nuage, et puis piquent dessus pour essayer de les crever. Il y a aussi des chasseurs qui tirent de tous les côtés sur les oiseaux de mort ; ceux-ci ne volent qu’au milieu d’éclatements d’obus qui les poursuivent et dont le ciel est tout moucheté, — éclatements bruns de l’ennemi contre nos avions français, éclatements blancs de chez nous contre les avions boches.

Il y a un monde fou, encombrement d’un bout à l’autre sur cette route presque unique au milieu d’une telle dévastation, et on la répare en toute hâte, car elle nous est infiniment précieuse ; des centaines de nos territoriaux sont à l’œuvre, et aussi des équipes de nos soldats soudanais, montrant leurs énigmatiques figures noires encapuchonnées toutes de caoutchoucs jaunes. Au lieu de songer à replanter, à rebâtir, à se fortifier, le plus urgent, le soin auquel il faut fiévreusement s’empresser, ce lendemain de bataille, c’est l’arrangement des voies de communication, pour que notre artillerie, nos troupes puissent y passer à grande allure et continuer de poursuivre les Barbares en débandade. Aussi ils travaillent d’arrache-pied, territo-