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Page:Loti - L’Horreur allemande, 1918.djvu/195

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Nous qui, au moment de l’agression allemande, n’avions pour ainsi dire rien, nous voici donc grandement à leur hauteur, comme machines infernales, puisque nous pouvons, à leur instar, produire des bouleversements gigantesques.

Ces cavernes, qu’on appelle ici des « creutes », toute la région devant moi en est remplie ; j’en aperçois partout qui s’étagent sur les pentes ; mais on croirait, à les voir aujourd’hui, qu’un tremblement de terre est venu les secouer. Elles offraient aux ennemis une série de positions qui rendaient pour nous le pays particulièrement dangereux, et, comme sans doute elles ne leur suffisaient pas encore, ils avaient fouillé, perforé de tous côtés alentour cette terre française, et creusé comme des entrelacs de galeries de taupes, au plus profond desquelles ils s’étaient d’abord tapis au début de notre grand arrosage ; hier matin, quand nos soldats ont fait irruption ici avec la violence d’un raz de marée, les fouisseurs ne s’étaient pas tous décidés encore à sortir de leurs trous ; on les entendait hurler, comme à l’étouffée, dans les sous-sols du champ de bataille et plus d’une fois il a