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Page:Loti - L’Horreur allemande, 1918.djvu/197

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donnerait la notion d’un rude travail acharné. Qu’ils sachent donc que tout ce qui se passe, à grand et terrible orchestre, dans les offensives bien menées, a été longuement et savamment prévu en silence, dans la méditation profonde. Chaque batterie a eu son rôle assigné et n’a tiré qu’à son heure, à telle distance, dans telle direction, contre un ennemi qu’elle ne voit pas, pour l’arrêter de face ou le prendre à revers, le poursuivre ensuite ici ou là, suivant les plus grandes probabilités de ses mouvements d’avance ou de recul, et obtenir finalement un résultat certain, en perdant le moins possible de nos hommes qui ne sont lancés qu’après de terrifiants martelages. Avec les armes de précision que sont nos pièces modernes, la guerre devient plus que jamais une science exacte, ce dont les tout à fait profanes ne se doutent même pas. Évidemment des erreurs peuvent se produire et, durant l’exécution, dans la fièvre du feu, il faut compter avec l’imprévu ; mais en général toute offensive n’atteint ses objectifs que si elle a été préparée avec la plus rigoureuse habileté.