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Page:Loti - L’Horreur allemande, 1918.djvu/210

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pour cela tant d’autres inspirés merveilleux, je dois dire qu’il est au nombre de ceux qui m’ont fait le plus profondément frissonner devant l’Inexprimable… Donc, je lui pardonne tout, d’être né Allemand, d’avoir haï la France, d’avoir été un affreux petit gnome, et d’avoir démarqué à son profit nos belles légendes du Rhin qui, avant lui, étaient si incontestablement françaises… Et maintenant, écoutons Nietzsche : « Tel que je suis, étranger dans mes instincts les plus intimes à tout ce qui est allemand, à tel point que le voisinage d’un Allemand suffit à retarder ma digestion, je considérai d’abord Wagner, je le vénérai comme un produit de l’étranger, comme un contraste, comme une protestation vivante contre les vertus allemandes. En tant qu’artiste, un ne saurait avoir en Europe d’autre patrie que Paris ; la délicatesse des cinq sens en art, qui est une des conditions de l’art wagnérien, tout cela ne se rencontre qu’à Paris. Wagner est un de ces romantiques français de la seconde période, comme Berlioz, Delacroix, Baudelaire (p. 18) ; ce que je ne lui ai jamais pardonné, c’est que sur la fin de sa vie il consentit à condes-