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Page:Loti - L’Horreur allemande, 1918.djvu/211

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cendre à l’Allemagne, qu’il devînt Allemand de l’Empire (p. 107). Le pauvre homme, où s’était-il donc fourvoyé ? Si du moins il était allé parmi les pourceaux ! Mais parmi les Allemands !!… » Celui qui ose parler ainsi de ses compatriotes ne s’aperçoit-il donc pas qu’il se décèle Allemand lui-même, par sa propre goujaterie ?

Ailleurs, le ton du réquisitoire de Nietzsche s’élève et devient plus écrasant (p. 152, 153) : « Les Allemands détiennent l’impudicité en matière historique. Non seulement ils ont complètement perdu le coup d’œil vaste, mais ils sont tous des pantins de la politique ou de l’Église ; l’Allemagne par-dessus tout, c’est chez eux un principe. Il y a une façon d’écrire l’histoire conforme à l’Allemagne de l’Empire, une histoire pour la Cour. » On le voit, il s’en prend surtout à l’impérialisme prussien, cette plaie mondiale, cette sorte de tumeur maligne, qui crève aujourd’hui sur notre malheureuse Europe. Et il continue : « Je considère comme un devoir de dire aux Allemands tout ce qu’ils ont déjà sur la conscience. » Hélas ! que leur dirait-il donc aujourd’hui ? Avait-il seulement soupçonné toute l’horreur qui