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Page:Loti - L’Horreur allemande, 1918.djvu/236

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Ailleurs, une aïeule toute blanche somnole à moitié dans un fauteuil.

— Ah ! bonsoir, grand’mère. Vous allez mieux de votre jambe, aujourd’hui ?

Et, pour leur parler, elles n’ont plus aucune rudesse.

Dans un autre village, je me souviens d’une grosse, grosse vieille, grognon, qui se plaint très aigrement qu’elles lui ont envoyé un lit trop étroit. Elles me regardent alors, en souriant du coin de l’œil, comme pour me dire :

« Croyez-vous qu’elle en a, un aplomb, celle-là ! »

Mais elles répondent, sans la moindre humeur :

— Ne vous fâchez pas, ma bonne dame. Demain matin nous vous en enverrons un plus large. N’avez-vous pas besoin d’autre chose ?

Peu à peu s’assemblent autour d’elles beaucoup de pauvres femmes qui ont quelque grâce à demander ; bien vilaines pour la plupart (car, les jolies, on se figure ce que les Boches en ont fait), bien vilaines, trop tôt flétries, vieilles et courbées avant l’heure ;