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Page:Loti - L’Horreur allemande, 1918.djvu/258

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et un rayon vient alors illuminer la blancheur neigeuse de ses cheveux qui s’échappent du rouge éclatant de sa petite calotte en soie. Alors je reconnais ses traits, que l’imagerie a reproduits souvent depuis qu’il est devenu un héros ; avec sa belle expression de bonté et de droiture, en même temps que de mysticisme, il a l’air d’un saint de vitrail, dessiné un peu rudement par des artistes du passé. Il courbe les épaules, comme sous le poids d’une peine trop accablante, et il parle d’abord tout bas, d’une voix assourdie ; peut-être aussi qu’une teinte de méfiance se devine sous la courtoisie de son accueil ; peut-être s’imagine-t-il que je suis chargé auprès de lui de quelque mission, alors que je viens au contraire de mon propre mouvement, dans un élan de respectueuse sympathie.

— Vous savez que l’Académie française m’avait fait l’honneur de songer à moi, me dit-il tout de suite, comme pour couper court à une insistance qui lui déplairait, mais mon devoir est de ne pas accepter le désistement de Monseigneur Baudrillart, qui a rendu beaucoup plus de services à la France, ne