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Page:Loti - L’Horreur allemande, 1918.djvu/261

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sorte de vélum tendu, vous n’imagineriez jamais, n’est-ce pas, qu’en leur point le plus frêle, en leur milieu, elles ont encore plus de soixante centimètres d’épaisseur ; aux heures de bombardement, chaque pierre qui tombe de là-haut est un bloc si lourd que sa chute ébranle toutes les dalles ; on est stupéfait de voir cela grandir vite, vite, en approchant du sol, et d’entendre ce bruit d’écrasement formidable… Ah ! les architectes qui avaient bâti cela étaient des êtres merveilleux, qui travaillaient comme pour l’éternité !…

Il me conte ensuite le soin pieux de ses fidèles qui, même quand il pleuvait des obus, s’employaient sous sa direction à ramasser et transporter au fond de souterrains voûtés les débris des incomparables verrières du xve. Il a fallu que parût sur la terre un démoniaque comme l’empereur allemand pour oser anéantir ces trésors d’art, que les guerres, les invasions avaient respectés au cours de tant de siècles. Tous les vitraux ne sont pas émiettés ; parfois ils tombent par grands morceaux que l’on conserve avec je ne sais quel chimérique espoir de restauration… plus tard, dans les effroyables temps à venir.