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Page:Loti - L’Horreur allemande, 1918.djvu/276

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L’HORREUR ALLEMANDE

bouffonnerie de cela, qui, je le crains, sera trop vite oubliée.

Trente ans de cabotinage et de basse scélératesse ! Trente ans de préméditation acharnée, pour aboutir à battre tous les records du crime ! Trente ans à préparer dans l’ombre, et par les ignobles moyens que chacun sait, l’horreur immense que nous subissons tous… Vraiment se peut-il qu’on ait trouvé, même en Prusse, des gens pour célébrer un tel anniversaire, des êtres humains pour féter ça !

À ce banquet, le toast d’Hindenburg au moins ne manquait pas d’une certaine crânerie barbare : « Eh bien oui, là, osait-il dire ; oui, les brigands du monde, c’est ce que nous sommes et ce que nous avons toujours été. » Et puis, lui, fut un vrai soldat, non pas, comme l’autre, un général pour cinématographe… Mais l’autre, oh ! l’autre, le macabre empereur, quel radotage sénile, que sa réponse ; comme on sent bien qu’il achève de perdre l’équilibre et que la peur détraque ses rouages !… Quelques éclats de rire — mais pas assez, cela en méritait tellement plus — ont fusé en France et