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Page:Loti - L’Horreur allemande, 1918.djvu/45

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plus un monument, plus une maison, rien qui n’ait été rasé à un mètre de terre ; l’ensemble n’est qu’un immense et informe tumulus de briques rouges, par-dessus lequel les arbres fruitiers, les arbustes au tronc scié, gisent et se dessèchent.

Un officier, auprès duquel je m’arrête un instant ; me parle d’un tout petit détail, oh ! bien négligeable certes, mais presque touchant quand même : il me conte le retour des hirondelles. On sait leur fidélité aux demeures qu’elles avaient choisies, et, quand elles sont revenues cette fois, les pauvres petites, ne plus rien retrouver, ne plus rien reconnaître, les a affolées ; elles tourbillonnaient toutes, en jetant ce cri spécial qui est leur cri d’alarme, après quoi, en déroute, elles sont reparties.

Nos soldats, dans les rues enfouies sous les décombres, travaillent à déblayer, pour le passage de nos troupes et de nos camions. Rien n’a plus forme de rien, nulle part ; cependant, sur tel monceau qui était, paraît-il, la principale église, les Barbares, pour que nul n’en ignorât, ont eu la délicatesse de planter la croix en fer qui surmontait le clo-