Aller au contenu

Page:Loti - L’Horreur allemande, 1918.djvu/80

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

gnante et meurtrie, mais plus que jamais admirable ; son agression et son ignominie ont réveillé nos énergies qui sommeillaient, nos fraternités qu’il avait tenté de détruire ; il nous a conduits à tous les dévouements sublimes, et, malgré les défaillances de quelques pauvres tout petits politiciens de l’arrière, jamais dans notre ensemble, nous n’avions été si grands. Oh ! oui, continuons l’œuvre qui est près de finir, car voici les Barbares aux abois. De grâce, ne perdons pas de vue qu’ils ne sont pas des êtres de la même espèce que nous, à qui nous devions un jour tendre une main fraternelle ; on sait qu’ils ne sont même pas des hommes avec qui l’on puisse signer des traités de paix, puisqu’ils n’ont le respect d’aucune parole et que rien ne saurait venir d’eux qui ne soit piège et mensonge ; les écraser, c’est tout ce qu’il reste à en faire, les écraser et délivrer le monde. Et puis ne cessons jamais de penser à ceux qui, de leurs yeux éteints, doivent nous suivre avec tant de confiance, — eux, nos chers morts, couchés le long du front de bataille, un peu partout dans les vergers, sous les blés, sous les luzernes ; du fond de leurs petites tombes