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Page:Loti - L’Horreur allemande, 1918.djvu/86

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avant de jouer à cache-cache, ou à l’oiseau perché, ou bien aux quatre coins.

Dès ce temps-là, ces petits ciseaux d’or ou d’argent me faisaient toujours penser aux minuscules tiroirs des chiffonnières d’aïeules, où j’en avais vu, de ces vieux petits ciseaux, démodés, cassés quelquefois, mais conservés comme souvenirs, en compagnie de vieux dés, de vieux poinçons, de mille choses menues, ayant servi aux patientes broderies d’autrefois. Et dans nos paisibles maisons de province, transmises de père en fils, ils sont innombrables, les tiroirs de chiffonnières ou de bonheurs-du-jour, remplis de pauvres objets pareils, que l’on hésite à détruire. Sans parler des coffrets surannés où dorment, tant de vieilles bagues ayant perdu leurs pierres, tant d’alliances de mariage demi-usées, et des bouts de chaînettes d’or, des montures de faces-à-main, des broches trop vieillottes pour être portées mais pas assez pour jamais redevenir jolies…

Eh ! bien, un comité de Françaises a eu l’idée de se spécialiser dans la récolte de ces débris, qui semblaient d’humbles riens, mais qui, accumulés, puis fondus en lingots à la