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Page:Loti - L’Horreur allemande, 1918.djvu/98

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contrant, au lieu de la terre où ils s’enfonceraient, que de la pierre qui rejaillit en mille éclats pour faire de plus horribles blessures. Dans toutes les parties ou des pans de rochers ne les dissimulent pas, ces routes improvisées sont maintenant couvertes de camouflages, car les longues-vues des Autrichiens, qui tiennent encore là-bas la plupart des hauteurs, les dominent et les surveillent ; mais les branches vertes étant rares, et d’ailleurs invraisemblables sur le Carso, on a employé, pour camoufler, des séries de paillassons légers, un peu couleur du sol, soutenus en l’air par des fils d’acier.

Et quelle activité règne aujourd’hui, à l’abri de ces paravents fragiles ! Nous dépassons des attelages et des machines de toutes sortes, qui se hâtent de se rendre là-haut pour continuer la bataille : camions surchargés de soldats, d’artillerie, de munitions, de vivres, et des caisses, des caisses remplies d’eau pour boire, car plus haut, dans ce désert de la soif, les assaillants ne trouveraient pas la moindre source. Tous ces cortèges ascendants cheminent à vive allure, sous la seule protection de ces nattes sus-