Aller au contenu

Page:Loti - La troisième jeunesse de Madame Prune, 1905.djvu/102

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’adulation et du faste. Nul ne m’était plus indifférent qu’elle, et cependant sa fin m’émeut presque, en cette pluvieuse journée d’hiver ; c’est qu’elle était souveraine bien des années avant ma naissance, et, tout enfant, j’entendais souvent prononcer son nom, en ce temps-là sympathique aux Français ; une période meurt avec son interminable règne, et il semble qu’elle nous entraîne un peu tous à sa suite dans le passé…

Mais, il était écrit que, dans ce pays, je ne pourrais rien prendre au sérieux, pas même un deuil royal… Voici maintenant que je pense à l’impression des mousmés, dans toutes ces maisonnettes perchées sur la rive, entre les feuillages trempés de pluie, à leur surprise d’entendre ces salves qui ne finissent plus ; les petits carreaux de papier, les petits châssis à glissière s’ouvrant partout, dans ces logis frêles comme des jouets de Nuremberg, et des têtes gentiment comiques, se risquant sous l’averse, pour se demander les unes aux autres, après la révérence obligée : « Qu’est-ce qu’il y a, mademoiselle Tulipe ?… Qu’est-ce qui se passe