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Page:Loti - La troisième jeunesse de Madame Prune, 1905.djvu/112

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des cuirassés étrangers, chacun rapportant nombre de petits paquets ingénieusement ficelés, de petites caisses finement menuisées : les exaspérants bibelots auxquels ici personne n’échappe.

Le long des nouveaux quais à l’américaine, où les coureurs haletants nous déposent, on se retrouve ; on se trie par nations, sous un petit vent glacé qui manque rarement de se lever le soir et d’asperger d’embruns notre retour à bord.

On nous a tant traités de pillards, dans certains journaux, nous tous, officiers ou soldats de l’expédition de Chine, que nous avons admis la dénomination « pillage » pour toute chinoiserie ou japonerie, si honnêtement achetée soit-elle, et payée en monnaie sonnante. Or, il est de règle sur mon bateau qu’après le souper, à l’instant des cigarettes, chacun doit exhiber son « pillage » du jour ; la table du « carré » se garnit donc tous les soirs d’étonnantes choses, présentées par leur propriétaire respectif. Mon Dieu, qu’on est bien, les nuits d’hiver, en rade tranquille, installé à son