Page:Loti - La troisième jeunesse de Madame Prune, 1905.djvu/111

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me prend le frisson de nostalgie, au souvenir du pays Basque, ou bien de ma maison natale…

Le plus souvent il est couché, ce soleil, quand je repasse devant chez madame L’Ourse, mais elle m’attend pour tirer les vieux châssis de bois qui ferment sa devanture. Avec un regard plein de sous-entendus, elle ne manque jamais d’ajouter à la gerbe achetée deux ou trois fleurs, pour moi particulièrement précieuses, parce qu’elles sont un cadeau, une surprise qu’elle me réservait.

Et maintenant, vite un pousse-pousse rapide, un coureur qui ait de bonnes jambes, afin de retraverser la ville nipponne et de ne pas manquer le dernier canot du soir. D’abord c’est la longue rue des marchands, où, devant les petites boutiques de bois, papillotent les porcelaines, les éventails, les émaux, les laques, toutes les choses maniérées et jolies que fabriquent par milliers les Japonais et que vendent les mousmés souriantes. Là défilent, dans le même sens que le mien, quantité d’autres pousse-pousse empressés qui ramènent vers la mer les officiers de notre escadre ou