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Page:Loti - La troisième jeunesse de Madame Prune, 1905.djvu/124

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sacrées du temple, il va sans dire, mais très mélancoliques captives.

La propriétaire de cette maison-de-thé, plutôt modeste et peu achalandée, s’appelle madame La Cigogne. Bien que cette dame compte sans doute une dizaine de printemps de moins que madame Prune, elle est d’une maturité incontestable, mais n’a point abdiqué encore, et J’arrive de jour en jour à me convaincre que le temps lui a laissé, à elle aussi, quelques attraits.

Sitôt qu’elle m’aperçoit, à l’orée du sentier vert, madame La Cigogne se prosterne et affecte une expression d’extase qui semble dire : « En croirai-je mes yeux ? Quelle faveur inespérée le ciel m’envoie ! » Je me fais un devoir de saluer fort civilement à mon tour, avant de prendre place sur les nattes blanches, devant la petite véranda enguirlandée de plantes qui s’étiolent à l’ombre de tant d’arbres, et où languissamment fleurissent quelques pâles roses d’hiver.

Madame La Cigogne, après de nouvelles révérences, me présente aussitôt la chatte de la