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Page:Loti - La troisième jeunesse de Madame Prune, 1905.djvu/125

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maison, que j’honore de mon amitié, une certaine mademoiselle Sato, jeune personne de six mois, à fourrure grise, qui a conservé l’humeur folâtre de l’enfance. Ensuite, vient ma tasse de thé, sucrée toujours à point. Et puis les bonbons que j’aime, et deux fines baguettes de bois pour les saisir. À part quelques pèlerins, qui viennent se restaurer ici, après des génuflexions, des exercices religieux trop prolongés dans le temple, je suis presque toujours le seul client de cette dame, ce qui favorise entre nous de longs tête-à-tête. Dans le sentier voisin, personne non plus, personne ne passe, si ce n’est de temps à autre quelques marchands d’eau, athlétiques et demi-nus qui redescendent, portant à l’épaule, au bout d’un bâton, des seaux en bois, remplis aux sources claires de la montagne. On n’entend d’autre bruit que celui des petites cascades perlées dégringolant sous les herbes ; ou bien c’est, dans les branches, le remuement discret des oiseaux, attristés parce que le soleil de janvier reste incolore.

Le lieu est paisible, étrange et ignoré. On y respire la senteur des feuilles mortes et de la