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Page:Loti - La troisième jeunesse de Madame Prune, 1905.djvu/129

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resterons deux ans dans les mers de Chine ! Sitôt que les glaces fondront à l’entrée du Peïho, force nous sera de rebrousser chemin vers le Nord chinois, et de recommencer, sous le mauvais soleil, le dur métier de l’automne passé : pourvoir au rapatriement du corps expéditionnaire, rembarquer sur des transports, par grosse mer probable, ces milliers d’hommes et ce matériel que nous avions eu déjà tant de peine à déposer sur la rive…

En une minute la nouvelle, entendue par des matelots à travers la portière de brocart rouge de l’amiral, a été propagée à voix de confidence, presque silencieusement, parmi l’équipage, semant la consternation du haut en bas du Redoutable, — depuis les passerelles où vivent, la longue-vue à la main, les timoniers chargés d’épier le plus loin possible les choses du dehors, jusque chez les pauvres garçons, pâlis comme des mineurs, qui habitent et travaillent au-dessous de l’eau, entre des rouages de fer, au milieu des entrailles cachées du navire, dans l’obscurité et dans l’odeur des huiles.