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Page:Loti - La troisième jeunesse de Madame Prune, 1905.djvu/134

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le sable d’une allée. Ce ne sera donc pas le printemps prochain que je reverrai cette jonchée de fleurs rouges, ni même le printemps d’après ; ce ne sera peut-être jamais plus…

La guécha, d’une main distraite, entr’ouvre l’un des châssis de bois et de papier par où nous vient la pâle lumière : « Tiens, dit-elle, la neige ! » Et vite elle referme le panneau transparent, qui a laissé pénétrer un souffle de glace dans la salle déjà si froide. La neige, j’ai eu le temps de l’apercevoir pendant cette seconde où le panneau s’est entr’ouvert : des flocons blancs qui tourbillonnent avec lenteur, dans un ciel mort, au-dessus d’un toit japonais aux petites tuiles rondes, d’un gris noirâtre.

Alors, non, ce n’est plus tenable, ici !…

Heureusement, voici la diversion nécessaire : des pas d’enfant dans l’escalier, des froufrous de soie ; mon petit chat qui arrive !

Elle apparaît, cette petite mademoiselle Pluie-d’Avril, stupéfiante à son ordinaire, dans ses falbalas, mièvre et comme sans consistance, ainsi empaquetée dans ses étoffes à grands ramages. Elle est en dame d’autrefois et porte un