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Page:Loti - La troisième jeunesse de Madame Prune, 1905.djvu/181

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la grande pagode du Cheval de Jade, je m’arrête en chemin chez elle, pour flirter quelques instants. Tout le bas de sa maison est occupé par ses nombreux pensionnaires, les uns en cage, les autres simplement enchaînés et batifolant de droite et de gauche ; en passant par là, on est toujours exposé à quelque avanie : une petite main leste et froide se faufile entre deux barreaux et vous attrape l’oreille, ou bien un jeune espiègle, perché sur une solive d’en haut, vous jette à la figure l’eau de son écuelle à boire. Mais quand on a réussi, par l’escalier du fond, à atteindre le premier étage, on est en sécurité dans une sorte de petit boudoir fort accueillant, où reçoivent ces deux dames.

Madame Ichihara, qui s’est enrichie dans les singes, vient d’ajouter à ce commerce un intéressant rayon d’antiquités. Elle tient surtout les vieux ivoires, risqués ou drolatiques, et, pendant qu’elle s’occupe, sans avoir l’air de rien, à vous préparer le thé, sa fille ne manque jamais de vous en faire admirer quelques-uns : ivoires articulés, truqués, groupes de personnages à peine longs comme la dernière phalange