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Page:Loti - La troisième jeunesse de Madame Prune, 1905.djvu/180

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seules. Sur leurs instances aimables, j’ai accepté de leurs mains quelques-unes de ces nouveautés de la saison, que j’ai installées à bord dans des vases de bronze, en m’efforçant de donner à ces frêles bouquets une grâce japonaise.

Nulle part les fleurs des arbres précoces ne sont guettées avec plus d’impatience qu’au Japon, fleurs de cerisier, fleurs de pêcher ou d’abricotier, que tout le monde cueille par grandes branches, sans souci des fruits à venir pour les mettre à tremper dans des potiches, et s’en réjouir les yeux pendant un jour.

Madame Ichihara, ma nouvelle connaissance, tient un commerce de macaques apprivoisés, de ces gros macaques de l’île Kiu-Siu, qui ont toujours la fourrure usée et la chair au vif, à la partie de leur corps sur laquelle ils s’asseyent. Cette dame, qui doit être contemporaine de madame Renoncule, est restée dans sa maturité l’une des plus jolies personnes de Nagasaki ; il est regrettable que ses fréquentations si spéciales imprègnent ses vêtements d’un pénible arome : madame Ichihara sent le singe.

Chaque fois que ma fantaisie me pousse vers