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Page:Loti - La troisième jeunesse de Madame Prune, 1905.djvu/202

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remarqué, elles répondirent des yeux : « Hein ! n’est-ce pas que nous sommes cocasses ? » et passèrent en riant pour tout de bon.

Quelques pas plus loin, deux vieilles dames… Qu’avaient-elles d’inusité, celles-là encore ?… Ah ! leur coiffure : elles s’étaient fait des bandeaux et des chignons de jeune fillette, avec un léger piquet de fleurs sur le côté, comme en porte mademoiselle Pluie-d’Avril. Et leur sourire me répondit de même : « Mais oui, c’est ainsi, ne t’en déplaise ! Oh ! nous le savons, va, que nous sommes comiques ! »

Tout le long du chemin, pareille mascarade : renversement général des coiffures et des âges. (Bien entendu, fallait-il avoir l’œil déjà complètement fait aux japoneries pour recevoir une impression de stupeur telle que la mienne. C’était comme si, chez nous, un beau jour, toutes les aïeules apparaissaient en cheveux, avec des nattes dans le dos, et toutes les petites filles, en bonnet tuyauté, avec des anglaises.)

Quelques instants plus tard, dans le faubourg de Dioudjendji, près de mon ancienne demeure.