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Page:Loti - La troisième jeunesse de Madame Prune, 1905.djvu/210

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départ, une pensée douce, et puis, que l’on oublie…

Je n’en avais point parlé encore, de cette mousmé Inamato. Voici pourtant plus de trois mois que nous avons fait connaissance ; c’était encore au temps de ces tranquilles soleils rouges des soirs d’automne sur les jonchées de feuilles mortes. Et, depuis, nous n’avons cessé que par les temps de neige nos innocents rendez-vous, toujours là-haut dans ce même bois triste et muré ; mais cela reste tellement enfantin que je ne suis pas sûr que ce ne soit amèrement ridicule. Est-ce elle que je regretterai le jour du départ, ou seulement cette montagne avec son mystère et son ombre, avec ses enclos de vieilles pierres et ses mousses ?… Il est certain que je suis l’homme des vieux petits murs dans les bois, des vieux petits murs gris, moussus, avec des capillaires plein les trous ; j’ai vécu dans leur intimité quand j’étais enfant, je les ai adorés, et ils continuent d’exercer sur moi un charme que je ne sais pas rendre. En retrouver, dans cette montagne japonaise, de tout pareils à ceux de mon pays,