Aller au contenu

Page:Loti - La troisième jeunesse de Madame Prune, 1905.djvu/214

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

amusant. Elle a de plus en plus peur, la mousmé, peur que l’on nous observe, que son père la gronde, qu’on lui défende de venir. Quelquefois c’est un porteur d’eau, qui descend des sommets et nous gêne ; le lendemain c’est une vieille dame qui nous tient longuement en échec, étant occupée sans hâte à disposer des branches de verdure dans des tubes de bambou aux quatre coins d’une tombe, ou bien à brûler des baguettes d’encens pour ses ancêtres, ou simplement à regarder sous ses pieds le panorama des pagodes, de la ville et de la mer. Et je reste caché derrière quelque grand cèdre, apercevant, au-dessus du mur, des cheveux biens noirs qui dépassent les pierres, un front et deux yeux au guet (jamais un bout de nez, jamais rien de plus) : ma petite amie qui s’est perchée là pour surveiller, elle aussi, la solution de l’incident, toujours prête à disparaître au moindre danger, comme un gentil personnage de guignol qui retomberait dans sa boîte.

Oui, c’est bien enfantin et ridicule, et pour que tout cela ait pu durer, il a fallu l’exotisme