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Page:Loti - La troisième jeunesse de Madame Prune, 1905.djvu/213

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Elle ajouta, avec une révérence : « Sayanara ! » (Je te salue !) et se mit à redescendre par un sentier de chèvre, vers le temple, très soucieuse de protéger les belles coques de ses cheveux lisses contre les petites branches de bambou qui, au passage, lui fouettaient la figure.

Depuis ce jour-là, j’ai bien franchi cinquante fois, à cette même place, ce même vieux mur… C’est aussi chaste qu’avec mademoiselle Pluie-d’Avril, mais différent et plus profond ; il ne s’agit plus d’un petit chat habillé, mais d’une jeune fille, qui, malgré son rire de mousmé, à des yeux candides et parfois graves.

Comment cela peut-il durer entre nous, sans lassitude, puisque la différence des langages empêche toute communion approfondie entre nos deux âmes, sans doute essentiellement diverses, et puisque par ailleurs, dans nos rendez-vous, il n’y a jamais un instant d’équivoque, un instant trouble ?…

Bien que la nécropole soit solitaire, à certains jours il faut des ruses d’Apache pour arriver sans être vu, — et cela encore est