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Page:Loti - La troisième jeunesse de Madame Prune, 1905.djvu/240

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concession européenne, là, en face de mon logis ; et tout s’en allait en ruine chez les somptueux ancêtres.

Dans un autre palais, encore plus ancien que celui du crime, nous nous étions ensuite rendus ce matin-là, roulés en des petites voitures par des hommes coureurs qui galopaient à toutes jambes. C’était très loin, par des quartiers morts, par de longues avenues de donjons noirs. Les cours, les dépendances, les jardins, les parcs occupaient un espace infini, toute une zone sacrée, interdite, à jamais inutilisable et perdue. Là encore il y avait des bâtiments immenses, posant sur des terrasses de marbre. Il y avait une salle du trône, abandonnée depuis deux ou trois siècles, où des centaines de pigeons, nichés à la voûte de laque rouge et n’attendant point notre visite, menaient au-dessus de nos têtes un bruit d’ailes effarées ; et ce plus vénérable trône se détachait lui aussi, comme le précédent, sur un paysage de cauchemar, avec des forêts, des cimes escarpées, et le lever d’une lune géante, ou de je ne sais quel fantôme d’astre sans rayons. Les chambres