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Page:Loti - La troisième jeunesse de Madame Prune, 1905.djvu/253

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recevoir de l’air qui a déjà passé par des centaines de poitrines et qu’une ventilation artificielle vous envoie à regret, respirer par des trous, être constamment baigné de sueur !… Il était temps d’arriver ici, où l’on pourra se détendre, marcher, courir, oublier.

Près de quatre heures du soir, quand je puis enfin mettre pied à terre. Dans la rue, je trouve jolies toutes les mousmés ; tant de verdure et de fleurs m’enchantent ; après la Chine grandiose et lugubre, aux visages fermés et maussades, chacune de ces petites personnes que je regarde ici me donne envie de rire, comme ces petites maisons, ces petits bibelots et ces petits jardins. — Et on va se reposer un mois dans cette île : mon Dieu, que la vie est donc une chose amusante !

Trop tard pour aller dans la montagne d’Inamoto, qui ne m’attend point ; j’irai donc d’abord remplir mes devoirs de famille, saluer madame Renoncule et mes belles-sœurs ; ensuite je monterai chez ma petite amie Pluie-d’Avril, — et peut-être, qui sait, chez madame Prune, car je me sens dans l’esprit ce soir un