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Page:Loti - La troisième jeunesse de Madame Prune, 1905.djvu/258

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tout saisi d’apercevoir, au-dessus du mur gris, son front, ses deux yeux qui me regardaient venir.

— C’est moi que tu attends ? Tu savais donc ?

— Hier, dit-elle, quand les canons ont tiré, j’ai reconnu le grand vaisseau de guerre français. Il n’y a que le tien si grand et peint en noir.

Moi qui craignais de ne pas la retrouver, ou d’être désenchanté en la revoyant ! Je crois seulement qu’elle a un peu grandi, comme les fougères de son pare, mais elle est même plus jolie, et j’aime encore davantage l’expression de ses yeux.

De nouveau nous voilà donc ensemble et à l’abri de l’autre côté du mur, installés sur la terre et les herbages, la tête pleine de choses que nous voudrions exprimer, mais obligés de nous en tenir à des mots bien simples, à des tournures bien enfantines, qui ne rendent plus rien du tout.

Et à peine suis-je assis, pan, je reçois une claque sur la main gauche, pan, une autre sur la main droite. « Qu’est-ce qui te prend, petite