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Page:Loti - La troisième jeunesse de Madame Prune, 1905.djvu/275

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ces peintures où les Japonais excellent à rendre, en les exagérant, les attitudes des insectes et la grâce des fleurs.

Quand le papillon eut assez paradé devant nous, il s’en alla, pour amuser ailleurs d’autres veux. Et jamais je n’avais si bien compris qu’il y a d’innocents petits êtres purement décoratifs, créés pour le seul charme de leur coloris ou de leur forme… Mais alors, tant qu’à faire, pourquoi ne les avoir pas inventés plus jolis encore ? À côté de quelques papillons ou scarabées un peu merveilleux, pourquoi ces milliers d’autres, ternes et insignifiants, qui sont là comme des essais bons à détruire ?

Rien n’est déroutant pour l’âme comme d’apercevoir, dans les choses de la création, un indice de tâtonnement ou d’impuissance. Et plus encore, d’y surprendre la preuve d’une pensée, d’une ruse, d’un calcul indéniables, mais en même temps naïfs, maladroits et à vue courte. Ainsi, entre mille exemples, les épines à la tige des roses semblent bien témoigner que, des millénaires peut-être avant la création de l’homme, on avait prévu la main humaine,