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Page:Loti - La troisième jeunesse de Madame Prune, 1905.djvu/281

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précédente, les avions installés, au pied de la Grande Muraille, dans le fort chinois où ils avaient habité durant l’hiver ; c’est nous ensuite qui avions assuré leur ravitaillement et leurs communications avec le reste du monde, dans ce recoin perdu. Quand enfin quelques-uns des leurs étaient tombés sous les balles russes, nous étions venus assister aux funérailles, notre amiral lui-même conduisant le deuil — un cortège que je revois encore, sous les nuages blêmes d’un matin de novembre, aux premiers frissons de l’automne, pendant que s’effeuillaient sur nous les tristes saules de la Chine… Et, en reconnaissance de cela et de mille choses, leur bataillon s’appelait « le bataillon de l’amiral Pottier ».

Maintenant l’heure sonnait pour eux de quitter l’affreux Empire jaune. À part une vingtaine, qui dormaient en terre d’exil, dans le petit cimetière improvisé de Ning-Haï, ils s’en retournaient vers l’Europe. Nos matelots, toute la nuit d’avant, sur une mer remuée et dangereuse, avaient peiné pour embarquer leurs munitions, leurs bagages, — et ils avaient