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Page:Loti - La troisième jeunesse de Madame Prune, 1905.djvu/290

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bandes d’étudiants, qui manifestaient contre l’étranger, et l’un d’eux, renversé de son pousse-pousse par malveillance, s’est fracturé le bras. Ils ont vu l’Impératrice, sous la forme aujourd’hui d’une toute petite bonne femme, habillée à Paris par quelque bon faiseur, élégante encore malgré ce déguisement, demeurée jolie, même presque jeune sous son masque de plâtre, et conservant toujours cet air qu’elle avait jadis, cet air de déesse offensée de ce qu’on ose la regarder.

Mais combien je préfère ne l’avoir point revue, et en rester sur l’exquise image première : cette Impératrice Printemps, au milieu de ses jardins, environnée de chrysanthèmes fous, et dans des atours jamais vus, ne ressemblant à aucune créature terrestre.

Donc, je n’ai plus remis pied à terre, dans ce néo-Japon, tant qu’a duré notre escale.

Maintenant nous redescendons vers le sud, tout doucement, par la mer Intérieure, et ce soir, à la nuit tombante, nous venons de mouiller pour deux jours devant Miyasima, l’île sacrée, que régissent des lois spéciales et