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Page:Loti - La troisième jeunesse de Madame Prune, 1905.djvu/291

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étranges. Elle nous apparaît en ce moment, cette île, comme un lieu de mystère qui ne veut pas se laisser trop voir. Ce doit être un bloc de hautes montagnes tapissées de forêts, mais nous en apercevons tout juste la base délicieusement verte, la partie qui touche aux plages et à la mer ; tout le reste nous est dissimulé par des nuages gardiens et jaloux, qui pour un peu descendraient traîner jusque sur les eaux.

Contre toute attente, il paraît décidé que nous nous arrêterons deux ou trois semaines à Nagasaki en passant, pour des réparations au navire, et c’est presque une fête, de revoir tout ce gentil monde féminin, dans cette baie si jolie. Là au moins, tant de recoins du passé persistent encore ! Et nous emplirons une dernière fois nos yeux, nos mémoires de mille choses finissantes, qui s’évanouiront demain, pour faire place à la plus vulgaire laideur.

Car enfin ce Japon n’avait pour lui que sa grâce et le charme incomparable de ses lieux d’adoration. Une fois tout cela évanoui, au souffle du bienfaisant « progrès », qu’y res-