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Page:Loti - La troisième jeunesse de Madame Prune, 1905.djvu/294

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ver par de telles lois, étaient des rêveurs merveilleux.

Depuis hier, depuis que nous sommes venus jeter l’ancre en face, le même ciel bas et obscur ne cesse de peser sur l’île sainte ; il nous la dissimule en partie, il nous dérobe toutes ses forêts d’en haut, comme ferait un voile posé sur un sanctuaire, et cela ajoute encore à l’impression qu’elle cause : on dirait qu’elle communique par le faîte avec le Dieu des nuages.

Une petite pluie chaude, qui mouille à peine et qui semble parfumée aux essences de plantes forestières, commence de tomber, quand je me dirige aujourd’hui en baleinière vers la tranquille plage de cette Miyasima. Et je vois d’abord des vieux temples, pour mieux dire des vieux portiques de temples qui s’avancent jusque dans l’eau, des portiques religieux, posés sur pilotis et reflétés dans cette petite mer enclose, qui n’a jamais de bien sérieuses fureurs. Je vois un village aussi ; mais il n’a pas l’air vrai, tant les maisonnettes y sont gentiment arrangées parmi des jardinets de plantes rares ; on croirait un village sans utilité, inventé et bâti