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Page:Loti - La troisième jeunesse de Madame Prune, 1905.djvu/297

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branches trop longues et fatiguées, que l’on a pieusement soutenues avec des béquilles de bois ou de pierre ; des cycas, qui seraient hauts comme des dattiers d’Afrique, mais qui s’inclinent, se courbent de vieillesse, ont des supports en bambou, des suspentes en cordes tressées, pour prolonger le plus possible leurs existences indéfinies. Et de vagues sentiers montent verticalement à travers ce royaume des plantes, vont se perdre dans les obscurités d’en haut, parmi les futaies trop épaisses, parmi les pluies, les orages toujours suspendus ; — sentiers, ou peut-être simples foulées de ces bêtes de la forêt, qui sont innocentes, ici, et auxquelles personne ne fait de mal.

De temples, à proprement parler il n’y en a point ; c’est l’île qui est le temple, et, comme je disais, c’est la baie qui est le tabernacle. Pour la fermer aux profanes, cette baie de la grande sérénité ombreuse, des portiques religieux à plusieurs arceaux en gardent l’entrée, s’avancent comme d’imposantes et muettes sentinelles, assez loin dans la mer ; ils sont très élevés, très purs de style ancien, avec des