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Page:Loti - La troisième jeunesse de Madame Prune, 1905.djvu/299

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siaque, entouré d’altéas à fleurs roses. Devant la porte de leurs cabanes, les hommes demi-nus, aux musculatures superbes, raccommodent leurs filets : on dirait une scène de l’âge d’or. (Seuls les poissons ne bénéficient point de la trêve générale ; on les attrape et on les mange. Ils constituent d’ailleurs la principale nourriture des Japonais, qui ne sauraient s’en passer.)

Plus loin, une source jaillit dans un bassin naturel, et voici une troupe de biches, avec leurs faons, qui descendent de la forêt pour y boire. Par crainte de les effaroucher, j’avais d’abord ralenti le pas, mais je comprends bientôt qu’elles n’ont aucune frayeur. Et même, l’instant d’après, nous nous trouvons cheminer ensemble dans le même sentier d’ombre, elles si près de moi que je sens leur souffle sur ma main.

Le soir, quand je reviens, par la baie que gardent les grands portiques dans l’eau, autre compagnie de biches encore, qui s’amuse à traverser le frêle pont sacré, entre les images de dieux ou de déesses. Et, arrivées au bout,